Bilan conjoncturel 2023 de l’agriculture française
En 2023, les récoltes céréalières ont bondi en France (+ 5,8 % sur un an), pour atteindre 64,2 Mt, sous l’effet de l’accroissement des rendements. Mais si la hausse de la production concerne les principales cultures, le blé dur atteint, quant à lui, son niveau le plus bas depuis 1997. Côté prix, après leurs envolée en 2022 à la suite du déclenchement de la guerre en Ukraine, qui avait fait craindre des ruptures d’approvisionnement et engendré un redéploiement de certains flux d’échanges mondiaux, en 2023, les prix dégringolent (- 27,0 % sur les dix premiers mois). « Les disponibilités mondiales confortables et la forte compétitivité des grains russes présents en masse sur le marché mondial pèsent sur les prix », explique Agreste. Les cours restent toutefois encore supérieurs de 8,8 % à ceux de 2021, avant le conflit en Ukraine.
A noter aussi de bonnes récoltes pour les oléagineux : + 2,6 %, à 6,9 Mt. Cette croissance repose essentiellement sur la production de tournesol, la plus élevée depuis les années 1990, ainsi que sur celle de soja (voir aussi notre article de novembre 2023 ICI). Après leur boom en 2022, les prix des oléagineux diminuent fortement en 2023 (- 36,1 % sur les dix premiers mois de 2023), retrouvant même des niveaux inférieurs à ceux de 2021.
A l’inverse, les récoltes de betteraves industrielles marquent une légère baisse (- 0,7 %) par rapport à celles déjà peu élevées de 2022 du fait du recul des surfaces. Baisse aussi de la récolte de fruits, à l’exception des pommes. Dans le même temps, les prix à la production augmentent, sauf pour les pêches et les abricots. Les récoltes de légumes frais sont plus contrastées, avec des prix à la production en recul pour la plupart des légumes, même s’ils sont supérieurs aux prix moyens 2018-2022. Même constat pour les productions animales. A l’exception des volailles de chair, les productions sont de nouveau en retrait sur un an. « La baisse de la production animale reflète la décapitalisation des cheptels bovin, ovin et porcin, qui s’est poursuivie en France et dans l’UE » note le bureau des statistiques du ministère de l’Agriculture. Les prix à la production des animaux, des œufs et du lait restent néanmoins à des niveaux historiquement élevés.
Quant au secteur viticole, la récolte 2023 s’élèverait à 47,2 Mhl, supérieure de 2,0 % à celle de 2022, et de 6,0 % à la moyenne 2018-2022 mais la situation est très hétérogène selon les territoires. Fait marquant de la campagne 2022-2023, les prix à l’exportation des vins français, hors spiritueux, augmentent ( + 4,8 %) mais les ventes se réduisent en volume (- 5,9 %), « elles ont été perturbées sur de nombreux marchés mondiaux par le manque de dynamisme de la demande sous l’effet notamment des tensions inflationnistes qui pèsent sur le pouvoir d’achat ». Tous les segments de vins sont concernés par ce repli des volumes, y compris le Champagne. Les exportations vers l’Union européenne résisteraient mieux (- 3,6 %) que celles vers les pays tiers (- 7,7 %) qui souffrent du net recul des volumes à destination des principaux marchés (Etats-Unis, Royaume-Uni et Chine).
Par ailleurs, sur les neuf premiers mois de 2023, les prix d’achat des intrants reculent (- 0,8 % par rapport à la même période en 2022). Les prix fléchissent notamment pour l’énergie (- 4,1 %), et surtout les engrais (- 20,0 %) mais ils ont continué d’augmenter s’agissant des aliments pour animaux (+ 4,3 %). Cependant, depuis l’automne 2023, l’étude montre que les prix de l’ensemble des intrants ont tendance à repartir à la hausse en lien avec ceux de l’énergie.
Enfin, 2023 n’échappe pas à la tendance de ces dernières années. L’excédent commercial agricole et agroalimentaire poursuit sa dégradation. Sur les neuf premiers mois de 2023, l’excédent en valeur des échanges extérieurs de produits agroalimentaires (4,6 Md€) se réduit de 40 % par rapport à 2022. Il atteint ainsi le troisième plus bas niveau de ces dix dernières années après 2017 et 2020. Cette chute de l’excédent en 2023 résulte principalement de « la dégradation des échanges de produits bruts à travers les exportations de céréales, dans un contexte de baisse des cours sur les marchés mondiaux », explique Agreste.
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