La souveraineté alimentaire : un concept en vogue
Dans le contexte actuel, la souveraineté alimentaire devient une priorité, le nombre de discours, rapports, articles en attestent. Le terme apparait même dans l’appellation du ministère de l’Agriculture. Cependant, le concept n’est pas récent, il a été introduit dans la sphère internationale en 1996 par Via Campesina (mouvement paysan international) lors d’un Sommet de l’alimentation organisé à Rome : « La souveraineté alimentaire est le droit de chaque pays de maintenir et de développer sa propre capacité de produire son alimentation de base, en respectant la diversité culturelle et agricole. Nous avons le droit de produire notre propre alimentation sur notre propre territoire. La souveraineté alimentaire est une condition préalable d’une véritable sécurité alimentaire. » Il a ensuite évolué, confiant aux Etats un rôle plus important. Pour FranceAgriMer, la souveraineté alimentaire « post 2020 », semble renvoyer, au même titre que dans les domaines de l’énergie ou de l’armement, davantage « aux attributs conventionnels de la souveraineté stratégique des États-Nations et moins aux droits individuels et collectifs qui sont davantage au cœur des définitions posées à la suite de Via Campesina ». En l’absence de définition unique, l’office agricole considère donc la souveraineté alimentaire comme la capacité d’autodétermination d’un Etat sur les systèmes alimentaires qui se déploient sur son territoire. « Cette capacité s’entend à la fois comme capacité à définir les systèmes souhaitables (conditions de production, normes alimentaires, représentations partagées, règles de l’échange) et capacité à traduire ce souhaitable en réel, c’est-à-dire à faire appliquer ou faire évoluer ces systèmes alimentaires dans la direction attendue par les citoyens, par temps de paix autant qu’en période de crise. »
Une approche par bilan
La souveraineté alimentaire ne vise pas l’indépendance absolue mais s’assure d’une maîtrise considérée comme suffisante des dépendances externes. Cette dimension a été étudiée sur 30 productions françaises à travers quatre indicateurs de bilan. D’abord, le taux d’auto-approvisionnement qui rapporte la production à la consommation et mesure la capacité de la France à assurer son autosuffisance en volume. Puis, le taux de couverture de la consommation par la production nationale. Il désigne la part de la consommation intérieure effectivement couverte par la production nationale, le reste de la production étant exporté. Enfin, la capacité d’exportation (part des ressources exportée améliorant la balance commerciale) et, à l’inverse, la dépendance aux importations (place des importations dans la consommation) mesurent l’insertion relative du pays dans les échanges extérieurs.
Quels résultats ?
L’état des lieux réalisé par FranceAgriMer permet de dégager des situations très contrastées.
La plupart des principales céréales, le sucre, le vin, plusieurs produits laitiers sont structurellement excédentaires et se retrouvent logiquement avec une capacité d’exportation élevée. Dans le même temps, ces productions sont mécaniquement plus dépendantes des marchés extérieurs. La situation du vin l’a montré ces dernières années dans le cadre du contentieux commercial Airbus/Boeing et par la fermeture des restaurants lors du Covid. Inversement, d’autres productions sont en situation de déficit structurel : riz, huile de palme, fruits tropicaux, soja, viande ovine.
Source FranceAgrimer
Image par Vicki Hamilton de Pixabay