Les derniers vœux du ministre aux agriculteurs : Les chantiers de 2022
« Il reste beaucoup de pain sur la planche en 2022 et nous allons travailler jusqu’au dernier quart d’heure qu’il me sera donné ! », a annoncé d’emblée le ministre de l’Agriculture. Le premier chantier consistera à mettre en œuvre la loi dite Egalim 2. A cette occasion, ce dernier s’est félicité de l’adoption du texte dans un contexte de hausse généralisée des coûts de productions, « car si nous avions été dans le même cadre que l’an dernier, nul ne doute que dans les rapports de force en présence, les agriculteurs auraient été les grands perdants de ces négociations ». La pression sera maintenue : des comités de suivi des négociations commerciales seront organisés chaque mois, et l’Etat compte multiplier par 4 les contrôles. Mais le consommateur a aussi un rôle à jouer, « il a le pouvoir d’agir pour soutenir la valeur de notre monde agricole ». Le décret pour imposer l’indication de l’origine des viandes dans toute la restauration hors domicile sera examiné le 11 janvier au Conseil d’Etat et pourra, s’il est validé, paraître dans la foulée, a indiqué Julien Denormandie.
Le ministre veut également faire de ses priorités la prévention du mal-être en agriculture, après la feuille de route présentée le 23 novembre dernier par le Gouvernement. Autre chantier : le Varenne de l’eau et de l’adaptation au changement climatique. Le projet de loi réformant l’assurance-récolte a été examiné le jeudi 6 janvier en commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, avant d’être débattu en plénière, mercredi 12 janvier, a confirmé le locataire de l’hôtel de Villeroy. Il a également précisé vouloir accélérer le déploiement de France 2030 par le lancement dans les semaines à venir d’une nouvelle série d’appels à projets.
La Présidence Française de l’UE
Mais ce début d’année 2022 est évidemment marqué par la Présidence française de l’Union européenne (PFUE). Concrètement, la France présidera un Conseil agriculture et pêche par mois. Le premier aura lieu dans quelques jours à Bruxelles avec un Conseil informel à Strasbourg début février, l’occasion de montrer « l’excellence de l’agriculture française ». Face à ses homologues européens, le ministre français entend bien « combattre systématiquement les distorsions de concurrence au sein du marché commun ». Mais « la priorité des priorités », sera d’agir pour une réciprocité des normes, car « nous ne pouvons plus accepter d’importer sur notre marché européen des produits qui ne respectent pas les normes que nous imposons à nos propres productions. C’est un non-sens ». Enfin, la Commission de l’UE devrait finaliser dans les prochains mois sa proposition de révision de la directive sur l’utilisation durable des produits phytopharmaceutiques, dite directive SUD, qui sera donc examinée au Conseil sous PFUE. Pour le ministre, « cette directive doit permettre de travailler sur les alternatives, en ayant l’objectif de ne jamais laisser les agriculteurs sans solution ». A ce titre, il proposera de travailler à une définition européenne du biocontrôle, et sur les nouveaux outils d’épandages tels les drones ou le matériel anti-dérive. La question du stockage du carbone dans les sols fera également partie des thématiques. A ce sujet, le ministère a annoncé un grand événement le 1er février prochain.
A l’heure du bilan
Lors de son allocution, Julien Denormandie a également fait le bilan de son action face à la crise sanitaire, rappelant « la solidarité » et « solidité » de « notre chaîne agroalimentaire » et les engagements « inédits » de l’Etat. Concernant l’épisode de gel du printemps 2021, sur le milliard d’euros d’aide annoncé, 95 millions ont déjà été versés. « Les versements au titre des calamités agricoles vont s’accélérer dans les semaines qui viennent, à mesure que les dossiers de demande seront déposés », a précisé le ministre. Dans le même temps, il s’est voulu rassurant au sujet de l’épidémie d’influenza aviaire qui sévit à nouveau. A noter aussi que 90 % des fonds du plan France Relance ont été engagés pour plus de 35 000 projets soutenus. En parallèle, 800 millions d’euros ont été déployés via le plan France 2030. Au total, ce sont 4,2 Mds euros qui ont été investis.
Par ailleurs, le ministre s’est dit fier des résultats obtenus sur le bien-être animal. Le 1er janvier 2022 marque en effet « un tournant important » avec la fin de l’élimination des poussins mâles. L’arrêté précisant l’ensemble des modalités de mise en œuvre est actuellement en cours d’examen au Conseil d’Etat. Les pouvoirs publics ont prévu de soutenir les investissements nécessaires dans les couvoirs à hauteur de 10 millions d’euros. De même qu’il sera mis en place un circuit de financement « pour s’assurer que ce ne soit pas l’éleveur qui ait à payer ». La filière ponte travaille sur un projet d’accord interprofessionnel, a clarifié Julien Denormandie. Ce début d’année marque en outre la fin de la castration à vif des porcelets. L’Etat veillera là aussi « à ce que les répercussions des coûts se fassent bien tout au long de la chaîne alimentaire ». C’est d’autant plus nécessaire que la conjoncture aujourd’hui n’est pas bonne pour le secteur porcin. La nomination dans tous les élevages d'un référent bien-être animal est aussi une étape pour 2022.
Le ministre a également rappelé les progrés « considérables » depuis le début du quinquennat sur la diminution des produits phytosanitaires. 93 % des molécules actives les plus préoccupantes ne sont plus utilisées. La surface en bio a doublé depuis 2017. Celle de la HVE a été multipliée par 20 en trois ans. Restent la mise en œuvre du plan pollinisateurs et de son arrêté, la stabilisation des Zones de Non Traitement et des chartes d’engagement demandée par le Conseil d’Etat.
Parmi les autres points abordés, le ministre est revenu sur les avancées sociales durant ces cinq ans avec notamment les revalorisations des retraites agricoles pour les chefs d’exploitation et pour leur conjoint collaborateur.
Enfin, l’année 2021 aura été marquée par la fin des négociations de la PAC. Le Plan Stratégique National (PSN) a été finalisé et transmis le 23 décembre à la Commission. Le travail se poursuit désormais au niveau des institutions européennes « mais tout est en bonne voie pour permettre aux agriculteurs une visibilité sur la campagne PAC qui débutera en 2023 », a rassuré le ministre. D’ailleurs, les équipes sont déjà dans les préparatifs « pour permettre le versement des aides PAC en temps et en heure à nos agriculteurs », faisant référence aux campagnes « désastreuses » de 2015 et 2016 qui avaient conduit à des retards de paiement. Façon aussi de souligner le « travail colossal » engagé en 2021 qui a permis à 99% des bénéficiaires de percevoir leurs paiements pour un montant de 7,17 Mds d’euros.
Article publié sur le site de la FCGAA