Où se positionnent les exploitants agricoles dans le groupe des travailleurs indépendants ?
En 2018, les exploitants agricoles ont dégagé en moyenne un revenu brut de 41 548 € contre 30 700 € pour les autres indépendants. Ce montant est comparable à celui des boulangers ou des charcutiers et supérieur à celui des dirigeants de petites entreprises industrielles (33 170 €) ou des restaurateurs-hôteliers (29 040 €). Mais c’est aussi dans le secteur agricole que l’on trouve la plus forte disparité de revenus d’une filière de production à l’autre. Toujours sur cette même année de référence, pour un quart des exploitations agricoles, l’EBE est inférieur à 9 520 € tandis qu’il est supérieur à 60 470 € pour un autre quart.
Une première marche du podium en trompe l’œil
Sans les subventions d’exploitation, le secteur agricole se placerait en dernière position du classement des revenus bruts moyens par secteur (1,5 fois plus faible que celui des autres indépendants). En 2018, sur le champ étudié des structures unipersonnelles de moins de 20 salariés, « une exploitation agricole reçoit en moyenne 21 190 € d’aides alors que la majorité des autres indépendants n’en perçoit pas, ou de manière exceptionnelle en fonction des aléas conjoncturels (470 € en moyenne) ». Les subventions d’exploitation représentent ainsi, en moyenne, plus de la moitié de l’EBE des exploitations agricoles observées, rapporte l’étude. Ces données datent d’avant la crise sanitaire et le « quoi qu’il en coût » estimé entre 240 et 300 milliards d’euros.
Beaucoup de capitaux engagés, pour une rentabilité faible et un montant de dettes des plus élevés
Cette étude, publiée en décembre dernier, apporte un éclairage intéressant sur les particularités de l’agriculture. Contrairement aux autres, le secteur agricole a besoin de bien plus de capital (foncier, matériel, équipement) que de salariés pour produire. Alors qu’ « un indépendant hors secteur agricole consacre en moyenne 57 % de sa valeur ajoutée aux dépenses de masse salariale (exclusion faite de ses propres prélèvements) », c’est 18 % en agriculture. A l’inverse, l’exploitant agricole enregistre « des charges d’amortissements et de provisions qui représentent 53 % de son EBE contre 22 % pour les autres indépendants ». Les statistiques de 2018 montrent également que la rentabilité des capitaux investis par les agriculteurs, est la plus faible de l’ensemble des indépendants des secteurs. « En moyenne, un euro de fonds propres investi en agriculture rapporte 1,6 fois moins que dans tout autre secteur d’indépendants ». Par exemple, un euro de fonds propres investi dans une boulangerie ou dans une boucherie rapporte « 2,5 fois plus qu’un euro investi dans l’agriculture ».
Au regard du niveau d’investissement nécessaire, les dettes des exploitants agricoles comptent parmi les plus élevées, l’agriculture s’envisageant naturellement à plus long terme que d’autres activités indépendantes. En 2018, le montant moyen de dettes s’élève à 138 020 € par exploitation. Plus particulièrement, les dettes contractées par un agriculteur sont « 1,4 fois plus élevées que celles d’un hôtelier, d’un restaurateur, d’un boulanger ou d’un charcutier ». Mais, il en contracte « 3 fois moins qu’un pharmacien, endetté à hauteur de 412 790 € ». Néanmoins, le secteur agricole ne présente pas le taux d’endettement (ratio défini comme le rapport entre les dettes à court, moyen et long terme, et le passif de l’entreprise) le plus élevé. En 2018, un indépendant a, en moyenne, un taux d’endettement de 56 % alors qu’un exploitant agricole « n’est endetté qu’à hauteur de 47 % du total de son passif ».