L’agriculture française ébranlée par la sécheresse
Le 26 août 2022, le ministère de la Transition écologique faisait état de 93 départements concernés par une restriction en eau. Quelques jours auparavant à l’issue d’un comité de suivi de la situation dans le secteur agricole, un bilan provisoire des productions a pu être dressé.
La sécheresse a conduit à un recul des productions pour certains fruits et légumes qui, malgré une précocité prononcée, voient leurs potentiels de production freinés. Certaines productions souffrent également d’une altération de leur qualité visuelle et gustative (comme les concombres, les courgettes, les melons…). En revanche, sur quelques productions, les premières tendances de récolte se veulent encourageantes après une année marquée par le gel : pomme (dans la moyenne 2017-2021), pêche (+17% par rapport à la moyenne 2017-2021), abricot (+16% par rapport à la moyenne 2017-2021).
La production viticole se situerait en 2022 entre 42,6 et 45,6 Mhl, un niveau proche de la moyenne quinquennale (44,2 Mhl).
Ces conditions climatiques exceptionnelles ont également conduit à une disparité inédite des rendements des grandes cultures. La qualité de la récolte française 2022 permettra néanmoins de répondre aux attentes des marchés, précise FranceAgriMer. Selon les données Céré’obs, les conditions de culture du maïs ont fortement régressé sur un mois, sous les niveaux des quatre dernières années. Une première prévision de production par le Service Statistique du Ministère au 1er août 2022 donne 12,4 Mt de maïs grain, soit - 18,6% par rapport à l’an passé. Sur le tournesol la production est attendue stable à 1,9 Mt du fait de la hausse des surfaces cette année.
Par ailleurs, la production d’herbe est déficitaire : la production cumulée des prairies permanentes est inférieure de 21% par rapport à la période de référence, avec une accélération de la dégradation en juillet.
Face à ce phénomène, le Ministre de l’Agriculture et la secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie ont annoncé plusieurs mesures :
- La mobilisation du régime des calamités agricoles pour les cultures éligibles ;
- Le renforcement des avances versées dans le cadre de la PAC en octobre (les avances sur l’indemnité compensatoire de handicap naturel (ICHN), habituellement à hauteur de 75%, seront versées à hauteur de 85% et les avances pour les aides découplées seront versées à hauteur de 70% au lieu de 50%);
- La mobilisation des dispositifs de droit commun comme les exonérations de taxe sur le foncier non-bâti et de cotisations sociales ;
- Une série d’adaptations : dérogations pour les cultures dérobées au niveau préfectoral, ajustements des cahiers des charges pour les appellations d’origine contrôlée (AOP) ;
- Un suivi renforcé pour anticiper de potentielles difficultés notamment dans les filières d’élevage avec, par exemple, la disponibilité en fourrage et alimentation animale pour l’hiver.
Le changement climatique modifie déjà le cycle de l’eau. Les épisodes de sécheresse sont de plus en plus fréquents et débutent plus tôt dans l’année. De facto, la disponibilité de la ressource en eau devient un enjeu central pour les productions agricoles. Depuis des décennies le sujet de la gestion de l’eau et de son accès est clivant, et à l’heure où sonne le glas de l’abondance et la nécessité de partager sans menacer les milieux et la biodiversité, les tensions autour des ressources en eau entre les différents usagers se sont exacerbées. Tant bien que mal les Pouvoirs publics tentent de désamorcer la situation, on retiendra le Varenne agricole de l’eau de l’adaptation au changement climatique. Mais trop souvent l’idéologie l’emporte sur le pragmatisme, pourtant il en va de notre sécurité alimentaire.