Quel est le coût du changement climatique pour le secteur agricole ?
Les rapports du GIEC sur lesquels la mission s’est largement appuyée, font état d’un changement climatique en cours qui va encore fortement s’accentuer. Aux dires des experts « chaque degré supplémentaire correspond à une remontée du climat vers le nord de l’ordre de 500 km », et ceux-ci s’attendent à une augmentation minimum de deux degrés dans les années à venir. Le phénomène est maintenant irréversible avec une augmentation moyenne des températures et la survenance répétée d’évènements climatiques (tempêtes, sécheresse, inondations…).
L’analyse des politiques publiques effectuée par la mission montre qu’elles sont largement orientées vers le volet « atténuation » afin de limiter le processus du changement climatique, et beaucoup moins orientées vers le volet « adaptation », tout aussi incontournable. Pour les deux auteurs, ce volet adaptation doit être renforcé et soutenu financièrement. En effet, « si les dispositifs français de financement de la formation, de l’amélioration génétique, du soutien à l’agro-écologie sont en place et certainement à renforcer sans que cela génère de surcoûts majeurs, en revanche, la massification d’un conseil dans les exploitations, le développement du dispositif assurantiel et des outils d’une irrigation résiliente permettant d’économiser les ressources en eau, vont au total représenter un coût important à la fois en finances publiques mais aussi pour l’agriculteur ».
Une facture de plus de deux milliards d’euros par an
Les rapporteurs estiment un surcoût de l’ordre de plus de deux milliards d’euros par an, ce qui ne sera pas sans conséquence sur le modèle économique de la ferme France et sa compétitivité. Une estimation à prendre toutefois avec prudence, la mission n’a pas pu quantifier tous les surcoûts, certains chiffrages ont donné lieu à des calculs d’ordre de grandeur. Selon le CGAAER, la facture comprend notamment :
- 1milliard d’euros par an pour les surcoûts liés à l’eau
- 1 milliard d’euros par an pour les surcoûts liés à l’augmentation des aléas
- 2 millions d’euros, pour le surcoût de mise au point de diagnostics « climat »
- 600 millions d’euros par an, pour le surcoût de renouvellement du verger français (10% du verger/an)
- 150 millions d’euros par an pour le conseil, au rythme de 50 000 exploitations par an (ou a minima au rythme des nouvelles installations : 13 000/an, 39 millions d’€/an)
Les trois recommandations de la mission
La mission propose de :
- Poursuivre la recherche et le développement sur la vulnérabilité et la résilience des productions agricoles en France, notamment sur les méthodologies de diagnostics « atténuation carbone » et « vulnérabilité des exploitations ».
- Massifier sur le terrain un conseil stratégique en couplant les diagnostics « vulnérabilité » et « atténuation » et le soutenir via, par exemple, le PNDAR (programme national de développement agricole et rural) ou un programme type Plan de relance ou PIA4.
- Accompagner les agriculteurs dans la transition climatique en poursuivant le soutien financier aux investissements et aux actions mises en œuvre suite à ce diagnostic par des programmes tels que France relance.
« Si on a pu considérer que le changement climatique pouvait s’envisager sur le temps long, ce n’est plus le cas : l’adaptation doit se réaliser dans les 10 ans à venir sous peine de perte de compétitivité de l’agriculture française et de perte de souveraineté alimentaire de la France », concluent les auteurs.