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Octobre 2024

Les politiques européennes en faveur de l’agriculture bio questionnent

Dans un rapport publié fin septembre, la Cour des comptes européenne sème le doute quant à l’efficacité du soutien européen à l’agriculture biologique si bien que l’UE pourrait rater le coche.

Les rédacteurs de l’audit étrillent la stratégie actuelle menée par Europe dans le secteur bio et dénoncent le trop peu d’attention portée aux exigences et aux besoins du secteur.

Le secteur bio ne récolte pas vraiment les fruits de l’aide financière

Entre 2014 et 2022, les agriculteurs européens ont reçu environ 12 milliards d’euros de soutien au titre de la politique agricole commune (PAC) afin de se convertir à l’agriculture biologique ou de maintenir des pratiques agricoles biologiques, et près de 15 milliards d’euros supplémentaires sont prévus jusqu’en 2027. Les milliards d’euros alloués ont permis d’accroître la superficie des terres cultivées en bio, même si l’importance de l’agriculture biologique est très variable selon les Etats membres : elle représente moins de 5 % de la surface agricole aux Pays-Bas, en Pologne, en Bulgarie, en Irlande ainsi qu’à Malte contre plus de 25 % en Autriche. Mais pour un succès durable « il ne suffit pas de se focaliser sur l’accroissement de la superficie des terres cultivées en bio. Il faut également soutenir le secteur dans son ensemble en développant le marché et en augmentant la production », a déclaré Keit Pentus-Rosimannus, membre de la Cour responsable de l’audit. « Sans cela, nous risquons de créer un système déséquilibré entièrement dépendant des fonds de l’UE, plutôt qu’une activité prospère.» Autrement dit, si rien n’est corrigé, le bio demeurera un marché de niche.

S’ajoutent des politiques incohérentes…et lacunaires

Les auteurs ont notamment remarqué qu’il était courant, moyennant l’obtention en toute légalité d’une autorisation, d’utiliser des semences non biologiques pour des plantations biologiques.
Par ailleurs, certains éléments essentiels font défaut, même si le plan d’action actuel pour le secteur biologique constitue une amélioration par rapport au précédent, « il ne prévoit toujours pas d’objectifs adéquats et quantifiables, ni de moyens de mesurer les progrès accomplis ». En outre, « l’absence d’une vision stratégique au-delà de 2030 n’offre pas la stabilité et la perspective à long terme nécessaires pour garantir l’expansion du secteur ».

Difficile alors d’atteindre l’objectif de consacrer 25 % des terres agricoles de l’UE à l’agriculture biologique à l’horizon 2030

Le seul objectif (non contraignant) que l’UE s’est fixé est d’accroître la superficie consacrée à l’agriculture biologique. Or, le développement du bio et les ambitions en la matière varient considérablement d’un pays de l’UE à l’autre, au point que l’Europe risque fort de ne pas atteindre son objectif de 25 % de terres agricoles  en bio d’ici à 2030. Pour y parvenir, le rythme d’adoption des pratiques agricoles biologiques devrait doubler, ajoutent les auteurs.

Image par Quan Tran Minh de Pixabay

 

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