Prouesses et promesses de l’imprimante 3D en agriculture
Certaines entreprises auraient recours à la fabrication additive pour produire des pièces de machines agricoles. Selon le centre d’études et de prospectives (CEP) du ministère de l’Agriculture, John Deere, par exemple, équipe ses dernières générations de tracteurs avec des vannes de carburant en acier imprimées en 3D.
L’impression 3D est un procédé piloté informatiquement consistant à déposer des couches de matériaux pour concevoir des objets en trois dimensions. Cette méthode est aussi appelée «fabrication additive », par opposition à l’usinage traditionnel des pièces qui repose sur la soustraction de matière.
La diffusion de cette technologie innovante a l’avantage de simplifier le processus de production d’une pièce, par rapport aux méthodes conventionnelles, « en le réduisant à une seule machine, mobilisant une main d’œuvre moindre, sans recours à de l’outillage spécifique » et permet de « consommer uniquement la quantité de matériaux nécessaire ». Pour les industriels cette flexibilité n’est pas neutre, elle se traduit par des coûts et délais réduits, analyse le CEP. Dans le cas de John Deere, les vannes de carburant en acier imprimées en 3D « faciliteraient l’écoulement du fluide pour un coût de production moitié moindre à celui de l’usinage traditionnel ». La société envisage même la mise en place d’entrepôts numériques pour imprimer en 3D des pièces de rechange et ainsi mettre fin aux coûts induits liés à la gestion et au stockage de ces pièces.
Au-delà de la question de la rentabilité, « cette technologie, et la systématisation de la numérisation des pièces des équipements agricoles, prémuniraient les fabricants d’éventuels problèmes d’approvisionnement ». Toujours selon le CEP, cette stratégie a déjà été adoptée par le groupe CNH Industrial, fabricant de machines agricoles (Case IH, New Holland) après la crise sanitaire du Covid-19. Du même coup, les agriculteurs se verraient assurer la disponibilité dans le temps des pièces de leurs équipements.
Des agriculteurs moins dépendants des fabricants de matériels ?
Les agriculteurs pourraient demain être en capacité d’auto-réparer leur matériel dans l’hypothèse d’une diffusion de l’impression 3D, associée à la mise à disposition (sous licences d’utilisation) des modèles numériques des pièces de rechange. « Une communauté d’agriculteurs mutualisant les améliorations apportées à leurs matériels, par le partage des fichiers numériques des plans en 3D, pourrait devenir dans les prochaines années la version high-tech du mouvement low-tech incarné en France aujourd’hui par la coopérative l’Atelier paysan, qui vise une réappropriation des outils grâce à l’autoconception », subodorent les auteurs. Mais alors, quid en cas de défaillance ou de défaut des pièces imprimées ? La question se posera.
Image par Martin de Pixabay